Les grands évènements historiques qui font l'Histoire de la Bastide des Jourdans
Le premier village connu sur le territoire de la Bastide des Jourdans se situe à LIMAYE, entre deux routes, l’une venant de Grambois vers Pierrevert et l’autre venant de Beaumont de Pertuis vers Forcalquier.
Les templiers s’y installent vers 1176 par la volonté du Comte de Provence Raimond BERENGER V, pour assurer la garde d’une frontière. De par sa position géographique, position centrale par rapport aux autres communautés. Limaye affirme sa puissance bien au-delà du territoire Bastidan, et assure le lien entre les communautés de la Haute Provence. L’ordre du temple s’enrichit au fil des ans et sa puissance menace la royauté. Jacques de Molnay, dernier Grand Maître du Temple périt sur le bûcher le 18 mars 1314.
Les templiers furent présents sur Limaye jusqu’en 1308, lors de leur arrestation.
Plusieurs quo-seigneurs, vassaux du Comte de Provence se succèdent, sur Limaye, mais le village semble avoir été déserté vers 1375 à cause des guerres de religions et des famines qui obligent la population à se regrouper par sécurité à La Bastide des Jourdans.
Au 12° siècle, la Provence devient la convoitise de nombreux et puissants seigneurs, qui en revendiquent la possession.
Au 13° siècle Raimond BERENGER V, comte de Forcalquier et de Provence, et Guillaume De SABRAN se disputent le territoire. Mais celui-ci se reconnait vassal de Raimond BERENGER V, qui fixe dès 1225, les limites de son territoire entre Limaye, La Bastide des Jourdans et St Lambert de Grambois. Le village de La Bastide des Jourdans est à la fourche des chemins qui conduisent entre la basse et la haute Provence, (au nord Forcalquier, au sud Aix en Provence, à l’est Manosque). Cet emplacement met en évidence son double rôle d’étape et militaire, au confluent du Ravin du Bois et de l’Eze.
A la fin du 13° siècle à la communauté de la Bastide des Jourdans sont regroupés 3 autres villages : Châteauneuf (route de Manosque) et Châteauveron (route de Forcalquier) et au 14° siècle Limaye (route de Beaumont). Pierre et Guillaume Jourdan, deux fidèles chevaliers se voient convier à la garde de ce territoire jusqu’au 14° siècle.
En 1229 Raimond Bérenger V, fait édifier une tour carrée (castrum bastida qui signifie fortification rurale) sur le Crêt, face au prieuré de St Lambert (emplacement du château actuel). Il y établit un péage et oblige les marchands qui se rendent vers les Alpes à emprunter ce nouvel itinéraire et interdit le passage par Manosque et la Durance, et confisque également le trafic qui passait par Vitrolles.
Vers 1375 le village couvrait en éventail la pente située entre le château et le ravin du Bois. On y énumérait 97 propriétaires fonciers, 70 maisons agglomérées et une douzaine d’exploitations rurales aux proches alentours. Le village était entouré d’une enceinte fortifiée. Au-delà du ruisseau, déjà franchi par plusieurs ponts, s’étendait un faubourg où vivait près d’un tiers de la population.
En 1348, la peste noire ravage la Provence et la population du village diminue fortement : en 1471 on ne dénombre plus que 27 foyers. Il faudra attendre le renouveau du XVI ° siècle qui donnera à La Bastide des Jourdans un nouvel essor.
Le rôle stratégique et économique de La Bastide des Jourdans va perdre de son importance après le rattachement complet et définitif du Comté de Forcalquier à la Provence par testament du 10 décembre 1481 et aussi et surtout par la ruine et la dépopulation de la Haute Provence. Le 15 janvier 1482, les Etats de Provence décident à la majorité, que la Provence s’unira à la France. Le roi Louis XI accepte par des lettres du 24 octobre 1482, qui furent pendant trois siècles la Charte de la Provence.
Sur le plan évènement, le village ne paraît pas avoir beaucoup à souffrir des guerres de religions. L’édification de la grande enceinte, et la remise en état ainsi que l’agrandissement réalisé au château lui épargnèrent sans doute bien des dommages, et au cours de cette même période, on note une extension notable de l’habitat tant groupé que dispersé.
C’est au XVI° siècle que le village de la Bastide des Jourdans change de physionomie de façon spectaculaire, grâce à la reprise du trafic commercial par son rôle d’étape et l’annexion totale des villages alentours et notamment le village de Limaye .
Au cadastre de 1574, figurent 333 propriétaires, 201 maisons et 48 bâtiments agglomérés, 63 exploitations agricoles dispersées sur le territoire, ce qui représente un millier d’habitants. La superficie de la population ayant triplé, une nouvelle enceinte fortifiée remplacera celle du XIV° siècle. Le tissu urbain s’est développé le long des voies d’accès surtout au Nord (chemin de Forcalquier) et au sud-est (chemin de Pertuis) donnant au village cette frome triangulaire, accentuée par la construction de deux petits faubourgs d’une vingtaine de maisons en tout, l’un près de l’église paroissiale, l’autre près de la chapelle Notre Dame de Consolation..
Les périodes du XVII° et XVIII° siècle se caractérisent sur le plan politique, par une opposition quasi permanente entre la communauté et les seigneurs.
La famille De Coriolis, hauts parlementaires Aixois, connait au cours de cette période son apogée grâce à son accession à la charge de la Cour des Comptes, puis promue en 1646 Barons de Limaye (jusqu’alors gérée sans rigueur par de lointains possesseurs). Le seigneur entreprit de récupérer aux habitants, certains privilèges acquis par ceux-ci et de récupérer les droits féodaux abandonnés par leurs prédécesseurs : exemption d’impôts pour les terres roturières en compensation des terres nobles vendues, maintien de la banalité des fours à pains et encaissement des redevances : tasque et lods sur les fruits et le vin (beaucoup de terres et de vignes ont été converties en vergers) dont la communauté avait été affranchie, partage des terres et des bois auparavant indivis et sur la totalité desquels les habitants avaient gardé des droits d’usage. La communauté, de son côté, prétendait garder le profit des défrichements opérés aux dépens des Seigneurs et monopoliser les pâturages pour les troupeaux.
Le village semble moins favorisé. Aux empiètements seigneuriaux viennent s’ajouter les accaparements de la bourgeoisie citadine et le détournement d’une partie du trafic commercial par la nouvelle route des Alpes suivant les bords de la Durance. Sa courbe démographique est fluctuante, accusant une baisse sensible à la fin du XVII° siècle.
Le 1° tiers du XVIII° siècle voit pourtant un regain de croissance de la population, sans doute lié à l’essor de cultures avides de main-d’œuvre (vigne, olivier, vers à soie et d’un petit artisanat textile), de 800 à 850 habitants en 1728 on redescendit à 750 habitants en 1765.
La première moitié du XIX° siècle marque une hausse plus forte, confirmée par l’essor économique du monde rural à cette époque (855 habitants en 1842, 916 habitants en 1857), de plus, le vieux conflit avec les seigneurs pour la possession des terres s’est achevé au profit exclusif des habitants.
Cette hausse de la population se traduit par une nouvelle extension de l’agglomération, à l’extérieur de l’enceinte, le long du cours et divers travaux d’édilité : transfert du cimetière hors du village, aménagement de diverses fontaines, en particulier celle de « La Jeanne » et sur la place de la Mairie. C’est dans ce contexte qu’il faut placer le projet du curé Rigaud, de bâtir une nouvelle église, plus vaste, plus claire, en bordure du cours. L’échec de cette tentative doit être attribué au renversement de la conjoncture qui précède la guerre de 1870 où Napoléon III est fait prisonnier, puis la proclamation de la 3° république et les maladies qui sévissent dans les pépinières d’amandiers qui assuraient un apport de fonds pour réaliser cette construction.
La seconde moitié du XIX° siècle et la première du XX° verra sa population en décadence (607 habitants en 1896 et 463 habitants en 1960). L’abandon de l’artisanat et le déclin de l’agriculture ne trouvant pas sur un territoire sec et accidenté de possibilité de reconversion, favoriseront l’exode rural.
Aujourd’hui la prospérité d’antan de notre village dont la première et principale raison d’être était le carrefour des routes d’Aix à Forcalquier et Manosque a disparu. Le village a retrouvé une certaine vitalité grâce au tourisme, à la multiplication des résidences secondaires, et aux personnes retraitées qui apprécient le calme de notre région.
La croissance de la population s’accélère en 1990 où l’on compte 808 habitants. En 1999, lors du recensement 1053 personnes habitaient le village et 1410 en 2012.